1er avril 2008 – Albert-Rousseau (Québec)
13 avril 2008 – Salle Jean-Grimaldi (Montréal)
Le vrai monde?
Texte de Michel Tremblay
Mise en scène de René Richard Cyr
Avec Benoît McGinnis, Émilie Bibeau, Normand D’Amour, Josée Deschênes, Bernard Fortin, Marie-France Lambert, Milène Leclerc
À vingt-trois ans, Claude rêve de devenir écrivain. Sa première pièce met en scène trois personnages qui portent les noms de son père, de sa mère et de sa sœur auprès desquels il a puisé son inspiration. Ses personnages prennent vie et côtoient leurs modèles. une fascinante confrontation s’ensuit où s’agitent le double fond des choses, la multiplicité des perceptions et des réalités. La question est posée brutalement. où se trouve le vrai monde quand chacun crie à l’outrage et au mensonge?
Qu’est-ce que le vrai? Qu’est-ce que le faux? Qui sommes-nous dans le regard des autres?
Une production – Duceppe
Salle Albert-Rousseau
2410, chemin Ste-Foy
Billetterie. 418-659-6710 – 1-877-659-671 0
Salle Jean-Grimaldi
1111, rue Lapierre, porte #4 (coin boul. De La Vérendrye)
LaSalle (Québec)
Téléphone: (514) 367-1412
Du 31 octobre au 8 décembre 2007 – Duceppe
Ajout de deux matinées. 25 novembre 14h30, 9 décembre 14h30
par David Lefebvre
Jusqu’à quel point un auteur peut trafiquer sa réalité avant de réellement trahir ses proches? Jusqu’où peut-il pousser son écriture pour régler ses comptes, en donnant la parole (qu’il n’arrive pas à prendre lui-même) à des personnages qui ne sont finalement pas aussi fictifs qu’ils en ont l’air?
Michel Tremblay, par la pièce Le vrai monde ? nous plonge dans les lourds silences, les hésitations, les doutes et les souffrances d’une famille ordinaire de 1965, avec un père vendeur d’assurances sur la route (Alex), une mère au foyer (Madeleine), une soeur danseuse à gogo (Mariette) et un frère écrivain (Claude). Claude, l’intellectuel de la famille, a écrit une pièce mettant en scène les membres de sa famille qui décident d’en finir avec le père-mari trop absent, menteur, coureur de jupon et violent. Alors qu’il débat de son texte avec les autres, ses personnages prennent vie autour de lui. Mais à quel point Claude a-t-il dénaturé sa famille et les événements pour se libérer de ses souffrances? Où se trouve la limite entre vérité, mensonges et fiction. Jusqu’à quel point l’indignation de Claude envers son paternel envenime la vérité qu’il a voulu mettre au jour et ainsi se rapprocher d’un père qui n’arrive pas à parler de ses sentiments? Qu’est-ce qui est vrai? Et faux? Comment les autres nous perçoivent-ils réellement et comment réagissent-ils quand ils sont confrontés à nos propres perceptions?
Le vrai monde ? a été créé pour la première fois en 1987, à Ottawa puis à Montréal. Depuis, elle a été traduite en huit langues et s’est promenée à travers le monde. L’écriture de Tremblay, dans ce texte-ci, tout en réfléchissant sur les mystères de la création littéraire et l’impact de celle-ci, dénonce un mal générationnel et des drames familiaux cachés, mais bien réels: un père aux prises avec ses sentiments qu’il ne peut exprimer, des enfants qui en subissent les conséquences, une mère qui est coincée chez elle, emmurée dans le silence, en tuant de longues heures à douter dans sa tête et à refaire son monde, sans que cela porte à conséquence.
Crédit photos: François Brunette
La mise en scène de René Richard Cyr est plutôt conventionnelle, sans être ni audacieuse ni trop classique. La scénographie est dégagée, mi-réelle, mi-fantasmée. sans mur, l’espace de jeu se situe sur une plateforme, où on y retrouve deux divans semblables dos à dos et un meuble tourne-disque. Toute l’arrière-scène n’est habillée que de rideaux, noirs. Le spectacle baigne dans une atmosphère verdâtre. Non pas le vert de l’espoir, mais le vert malade, le vert antique, partout. les éclairages, les meubles, le tapis, même sous la plateforme. La direction d’acteur est elle aussi conventionnelle, chacun calibrant leur jeu sur un ou deux aspects de la personnalité de leur personnage. renfrognée, amère, hypocrite. La caricature, que l’on devrait ressentir chez les personnages de Claude, se fait ironiquement présente dans les personnages du réel, dans les rires, la retenue ou les quelques déplacements. On sent la symétrie de ceux-ci ; les regards ne se croisent pratiquement jamais, le malaise est malgré tout palpable. On tourne autour du pot sans jamais vouloir tomber dedans. Et quand l’inconfort ou le moment des révélations atteint son paroxysme, un grondement musical se fait entendre, subtil, mais bien présent. Les comédiens offrent une performance à l’image du texte de Tremblay, mais Benoît McGinnis tire son épingle du jeu à la toute fin de la pièce alors qu’il crache tout le mépris et clame son amour pour son père, exprimant le paradoxe de ses émotions au travers de tout son corps.
Sans véritable surprise, malgré une finale plus théâtrale que le reste de la pièce, Le vrai monde ? reste un classique de la littérature de Tremblay qu’il faut découvrir ou revoir sur scène.
Je voudrais, par contre, sincèrement saluer la concentration et le professionnalisme des acteurs lors de la représentation du 6 novembre 2007, alors qu’une partie du public était véritablement dérangeante, désagréable, voire insupportable. Pour ne pas combiner opinion personnelle et critique professionnelle, je vous invite à lire mon billet sur cet incident à propos du public sur mon blog au nomdunblog.com .
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